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mardi 26 avril 2011

Hyènes dactylographes

Cette année, pour Pâques, nous avons un beau fait divers.

Un père de famille, de bonne famille, aurait tué de sang froid son épouse et leurs quatre enfants, avant de cacher leurs corps dans le jardin et de disparaître. C'est sordide, comme tous les faits divers.

Depuis une semaine, les médias nous en abreuvent à jet continu. Et comme l'enquête est en cours, et progresse lentement (ce qui est normal), on recycle, on enquête et on assiste à une lente descente vers l'ignominie...

D'abord, on a eu des informations simples, factuelles, la famille, ses origines, des parallèles avec d'autres affaires. Puis, on a commencé à voir des "témoignages", d'amis, de proches, ou de personnes éloignées. Les protagonistes étant présentés comme discrets, ceux-ci étaient peu nombreux...

Aujourd'hui, ce sont les traces internet que les journalistes "exploitent". Peu à peu, on nous déballe les confessions, les commentaires, toutes ces choses qui auraient dû rester privées, mais que l'internet rend accessibles. Les intéressés ne vont pas s'en plaindre: ils sont morts.

Ca n'a, bien sûr, aucun intérêt pour l'enquête, ça ne participe pas d'une nécessité d'informer "le public" (il n'y a rien de légitime à détailler les aspects sordides d'un fait divers), c'est juste du voyeurisme, du même tonneau que celui nous fait regarder les accidents de la route. Et ce déballage n'est pas le fait d'une "certaine presse", mais de grands quotidiens nationaux ou régionaux, ou d'hebdomadaires sérieux. Le quatrième pouvoir, comme ils disent.


Voici plus de 15 ans que je suis sur Internet. Je n'utilise pas de pseudonyme, et n'ai jamais réussi à en avoir peur: je m'y sens anonyme dans la foule.

Cette affaire montre peut être le vrai danger d'Internet. L'ennemi, ce n'est pas le fonctionnaire totalitaire, le tueur en série ou le DRH inquisiteur, mais le journaliste en mal de copie...


Heureusement, la presse va mal. Les tirages s'effondrent, les revenus baissent, la lecture s'étiole. Pourvu qu'elle crève, et vite !

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