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lundi 23 mai 2011

L'Art muet

Les poèmes, les morceaux, les peintures que j'aime ne s'adressent pas à mon intelligence ou à mon sens moral. Ils ne demandent pas à être compris, ne cherchent pas à faire réagir, encore moins à faire réfléchir.

Je n'aime pas les oeuvres où l'auteur (ou l'interprête) m'interpelle, essaie d'entrer en contact avec moi, de me dire quelque chose, ou de me provoquer. L'Art disparait quand il se sent investi d'un message, ou d'une mission.

L'Art, ça ne dit rien, et ça ne sert à rien...

Ou plutôt, ça ne devrait rien dire... La "création contemporaine" ne cesse de revendiquer cet engagement, cet art "politique", qui cherche à provoquer le bourgeois, comme le style pompier cherchait à le flatter. C'est peut être cet académisme à l'envers qui  a provoqué la faillite de l'art moderne (il est difficile d'éviter le mot faillite quand l'art est déconnecté du grand public depuis un siècle, et n'a plus d'autre fonction sociale que de servir de placement défiscalisé, ou de loisir subventionné d'une élite).

Peut être que cela tient à l'aspect commercial de la chose... Au fond, une oeuvre destinée à être vendue comme un produit de luxe doit dire à ses clients potentiels : "achète moi, je ne suis pas pour tout le monde". D'où cette idée d'un art pour connaisseurs, qui flatte l'intelligence de l'acheteur, en l'isolant de la masse "qui n'y comprend rien". Et une oeuvre bénéficiant d'une subvention d'Etat à la création est obligée de dire à son patron : tu as bien fait, regarde comme je suis invendable...

Et derrière l'aspect commercial se cache, forcément, un caractère utilitaire. Si on l'achète, l'oeuvre doit servir à quelque chose: à nous provoquer, à nous faire réfléchir, à nous donner des leçons (tout en s'en défendant). Le cinéma est probablement le meilleur exemple de cet art à message: il faut absolument qu'un film "dise quelque chose", et le format court ne permet pas beaucoup de nuances (il suffit de constater, dans les romans portés à l'écran, l'appauvrissement des personnages).

C'est peut être ce qui expliquerait pourquoi la poésie contemporaine, qui n'a rien à vendre, est nettement moins élitiste que les arts plastiques...

1 commentaire:

  1. Pour moi, l'Art est pur et la peinture est l'art qui me touche le plus. Je ne pars jamais dans un musée sans prévoir un paquet de kleenex au fond de ma poche, c'est bêta non ? :(

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