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jeudi 26 août 2010

Wargames

Peut être le plus étrange de mes passe temps...

Je ne suis pas passionné par les armes et les soldats, je n'aime pas les films de guerre, je garde un souvenir mitigé de mon passage sous les drapeaux, je n'ai pas un goût prononcé pour l'ordre social, les hommes les vrais m'ennuient, comme pas mal de sujets virils (à commencer par le foot et la mécanique).

Et pourtant, périodiquement, je reviens aux wargames, avec leurs cartes à hexagones, leurs petites pieces en carton bon marché, les affreux dessins de leurs couvertures, leurs noms un peu ridicules, leur intérêt suspect pour l'armée allemande et ses unités d'élite, pour les caractéristiques techniques des systèmes d'armes et le détail des ordres de bataille...

J'y suis venu, à l'adolescence, par les jeux de sociétés. Les wargames étaient des jeux compliqués, bien plus que tout ce que j'avais rencontré jusque là. Maîtriser cette complexité, en lisant des règles de la taille d'un livre (et écrites en anglais...), mener des parties, solitaires, pouvant s'étaler sur des semaines, me paraissait un défi bien plus intéressant que lire un gros livre, progresser en sport, ou réussir en classe. Ensuite, sont arrivés les jeux de rôle, tout aussi prenants et complexes, mais plus acceptables socialement. Alors j'ai rangé mes wargames.

Ils sont revenus dix ans plus tard. Avec le temps, et l'amour des maths, l'intérêt s'était déplacé. J'aimais en eux les modèles complexes, capables, au travers de règles déterministes, de simuler des évènements imprévisibles, et de forcer les joueurs a adopter un comportement "historiquement plausible". J'aimais aussi cette implication gratuite, le temps passé à apprendre les règles d'un seul jeu, puis à jouer patiemment, des jours, des semaines...

Plus que les jeux, c'étaient les systèmes, leur variété, qui me plaisaient. Alors, je me suis mis à collectionner de plus en plus de jeux. J'essayais de jouer certains, d'autres étaient juste lus, d'autres enfin, gardés, pour des jours meilleurs, ou achetés pour la beauté de la collection. A la fin j'en avais plus d'une centaine, qui occupaient le grenier de ma maison.

Et puis, un jour, j'ai quitté cette maison, en laissant derrière tout ce qui prenait de la place: mon piano, mes livres, mes partitions, mes wargames... J'ai recommencé une vie où il n'y avait pas de grande pièce vide au grenier, pas de piano, ni de partitions, juste une petite bibliothèque avec quelques livres. Une vie sans wargames, où des nouveaux centres d'intérêt avaient remplacé les précédents.

Je ne crois pas qu'on puisse refaire sa vie, encore moins en changer. Certains goûts, certaines passions, connaissent des éclipses, mais reviennent forcément car ils nous définissent. Dix ans plus tard, j'ai eu une maison avec un grenier, et de l'espace sur mes étagères. Et cette année, en Février, j'ai acheté un piano. C'était certain, les wargames allaient revenir...

C'est arrivé la semaine dernière. De façon un peu inattendue, toute ma collection est réapparue chez moi. Toutes ces boites moches, qui sentent le renfermé après avoir passé 10 ans dans un grenier, sont là, dans une pièce, et me regardent les ouvrir, feuilleter des règles, déplier des cartes à hexagones, pousser des bouts de carton...

Le rideau se lève donc sur l'acte trois, et je me dis que cette fois, je vais peut être essayer d'y jouer, pour changer... J'ai la place, je peux prendre le temps. En restant raisonnable, je dois pouvoir jouer à trois ou quatre jeux par an. Pour une centaine de jeux (90 je crois, mais j'en achèterai probablement encore quelques uns, je me connais...), ca nous fait une trentaine d'année, et 45+30...

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